Pendant l’été 2020 une de mes pièces (une grande pièce) sera exposée au Musée de la céramique de Biot jusqu’à Novembre 2020. C’est une « jarre à eau » en terre rouge décorée de motifs berbères. La jarre à eau a été tournée et travaillée aux colombins. La pièce a été cuite deux fois et émaillée avec un émail miel. J’ai fait le choix d’une terre rouge, riche en fer comme nos territoires et surtout comme les poteries grecques et nord africaines.
Le sujet de l’exposition est « Méditerranée, terre fragile ». D’emblée le sujet réside en un paradoxe car la Méditerranée est une mer et non une « terre fragile ». Selon moi ce sujet fait allusion aux problématiques environnementales causée par l’homme mais aussi celle qui sont inhérentes à notre territoire sensible aux mouvements sismiques, sujet aux sècheresses, aux feux de forêts …. L’exposition a pour but d’apporter une « réponse artistique » aux « problèmes » naturels et environnementaux de notre région méditerranéenne qui malgré tout reste l’une des plus riches régions du monde, l’une des plus peuplée et l’une des plus belle.
Tout d’abord j’ai choisi de faire une jarre car c’est l’objet qui transporte historiquement l’eau, les huiles et autres denrées de luxe qui ont fait la richesse de la culture grecque, nord-africaine et Méditerranéenne au sens large. J’ai fait le choix d’une terre rouge, riche en fer à l’image de nos territoires et surtout comme les poteries grecques et nord africaines. Les motifs que j’ai décorés sur la jarre sont des symboles berbères traditionnellement tatoués sur le corps des femmes. Ces symboles se lisent de haut en bas.
Le premier symbole est celui du filet avec les poissons. Je l’utilise ici pour évoquer la richesse de la mer méditerranée et de ses terres fertiles.
Le deuxième symbole signifie le palmier. Je l’utilise ici pour rappeler l’unité que forme les territoires méditerranéens car les palmiers poussent naturellement tout autour de la méditerranée. C’est aussi un symbole de fertilité, de vie et d’abondance.
Le troisième symbole est le symbole de la hache. Ici la hache fait référence à l’effet destructeur que l’homme a sur la nature et sur l’environnement. La hache revêt aussi un sens positif de la force c’est-à-dire la force de la nature à se régénérer, à évoluer, à se remettre des feux de forêts, à fournir des richesses agricoles même en cas de sécheresse avec les figues de barbaries par exemple.
Le quatrième symbole est celui du papillon. Ici le papillon est utilisé pour rappeler la beauté des territoires méditerranéens, le caractère éphémère de leur apparences (avec le changement de saison certain endroits changent intégralement d’apparence). Le papillon est un symbole très souvent utilisé en tatouage berbère.
Pour finir le dernier symbole est celui de l’étoile. L’étoile fait référence à la fée Esterelle qui a donné son nom au massif de l’Esterel. En effet une croyance traditionnelle a longtemps poussé les femmes en mal d’enfants à faire des offrandes à la fée Esterelle. La fée Esterelle est la fée de la fécondité (celle qui peut être nous viendra en aide si l’homme continue à polluer des terres cultivables et à rendre inhabitable des hectares de terres). L’étymologie du nom « Esterel » est très obscure. De nombreuses pistes sont évoquées mais je me suis poétiquement arrêtée à l’une d’entre elle qui dit qu’Esterel viendrait du mot latin « stella, ae » (mot latin venant lui-même d’un mot grec) ; l’étoile. L’étoile dans mon projet symbolise le nouvel objectif que l’on doit se fixer pour mieux respecter notre environnement fragile. L’étoile est aussi une forme d’espoir et un lien avec le passé et l’avenir.